Pas si loin le périph comme une muraille nous protège de Paname - c'est plutôt calme ici, entre les jardins les usines et les tours, entre les papis les poussettes et les dealeurs, il y a un côté hors du temps, la petite église, le parc, les ponts métalliques, les portails et les grillages, un truc hybride entre la cité, la ville industrielle et le village de province, ici tout est plus doux, le tumulte de la capitale est proche mais il s'émousse et ne traverse pas la porte de Montmartre, alors on s'enfonce dans la ville en direction du canal, au loin le Sacré coeur devient minuscule et là on respire entre les halls d'immeubles
Tarek au coin de ma rue prenait le soleil et dès que je l'ai vu j'ai été frappée par la foudre. Aujourd'hui encore il lui arrive de prendre le soleil au coin de ma rue et aujourd'hui encore j'ai envie de pleurer dès que je vois sa silhouette au loin adossée au mur - je la vois et c'est un mirage dans le soleil – je la traque, Tarek je cherche ton ombre dans les rues, petit colibri, dans tes rues dans les miennes, des fois je me demande “il me fuit ?”, je m'affole, puis je vois ta dégaine qui s'amène, cheveux au vent pilon à la bouche dans ton survet moyen, pâle et nerveux, avec ton débit mitraillette et tes expressions à pioncer dehors, je te vois et ça m'éloigne du 93, je te vois puis je nous vois tous les deux sur le port de Sète, avec les bâteaux de marchandise et le bruit des mats au bord du canal et les mouettes et la lumière flottante du bord de mer, mais non on est toujours en Seine Saint Denis, ok ok ok mais bon mes créoles et mon accent du sud ça t'aide pas à voir plus loin que le coin de ma rue ? Je m'en fiche de Paris, des bars de belleville et des buttes chaumont - ici le PMU, le périph comme une muraille, le sacré coeur qui devient minuscule, les docks, tout ça je le garde Tarek si tu es avec moi.
"J'fais l'tour de ta ville
Je m'ennuie et j'retourne à la mienne"
C'est l'amour ou bien ? :)